Le Président Patrice Talon a reçu en audience son prédécesseur Boni Yayi au palais de la Marina le 22 septembre 2021. Yayi est allé plaider pour la décrispation de la situation sociopolitique du Bénin. Au cours des échanges, plusieurs propositions ont été faites au numéro 1 des Béninois. Mais pour quelles fins ?

 

 

C’est désormais chose faite ! La rencontre attendue par bon nombre de béninois entre Boni Yayi et Patrice Talon s’est enfin concrétisée. Yayi était effectivement dans les locaux du palais de la Marina ce mercredi matin pour un entretien avec son prédécesseur Patrice Talon, entre temps devenu son adversaire politique après la passation des charges le 6 avril 2016. Président d’honneur de l’un des principaux partis de l’opposition, les Démocrates, Boni Yayi a tout le temps été en désaccord avec la gouvernance de son successeur et ne manquait pas d’occasion d’en exprimer ses ressentiments.

 

 

Comme le pensent plusieurs observateurs de la vie sociopolitique, Boni Yayi, en se hâtant à rencontrer Patrice Talon vient de démontrer son humilité et son ouverture d’esprit. D’ailleurs, au terme de cette rencontre, l’ancien président Yayi affirme ne pas être en conflit avec son successeur Patrice Talon. « Beaucoup croient qu’il y a un problème profond Talon-Yayi, non. Je suis venu et je crois que le Président même le sait compte tenu de tout ce qu’on s’est dit. Il n’y en a pas de problème profond. Il n’y en a pas » a-t-il déclaré à sa sortie d’audience. Un peu comme  pour couper court aux suspicions de certains qui parlent de conflits d’intérêt qui opposerait les deux hommes. En acceptant de recevoir son adversaire politique, Patrice Talon confirme aussi auprès de l’opinion publique sa flexibilité et sa propension à faire des concessions pour la préservation de la paix.

 

Rencontre Talon-Yayi : Et après ?

 

Les adversaires politiques Yayi et Talon se sont finalement retrouvés. Tout porte à croire que les deux personnalités ont visiblement fumé le calumet de la paix à l’issue de cette rencontre. Mais comme l’a signalé le politologue Expédit Ologou, seul l’avenir nous permettra d’en avoir le cœur le net. Ce rapprochement est déjà un pas franchi, mais le plus dur reste à venir. En effet, les nombreuses propositions faites par l’ancien président Boni Yayi à son successeur pourront-elles être prises en compte par le Chef de l’État Patrice Talon ? Malin, celui qui pourra répondre à cette interrogation.

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De toute vraisemblance, Yayi  ne pourra pas avoir gain de cause sur toute la ligne. Même si à l’issue de la rencontre, Patrice Talon ne s’est pas prononcé sur les doléances de son hôte, il est loisible de rappeler qu’il avait déjà donné sa position par rapport à certains aspects de la préoccupation de Boni Yayi. Vu les réponses qu’il a données au sujet du retour des exilés politiques lors de sa dernière sortie sur RFI au lendemain de sa réélection, l’on pourrait se rendre à l’évidence et sans précipiter les choses, dire que cette demande n’est qu’un vœu pieux du président d’honneur du Parti d’opposition ‘’ Les démocrates’’. Car, pour le Chef de l’État Patrice Talon c’est ceux-là qui « ne veulent pas répondre de ce qu’ils ont fait qui sont partis eux-mêmes en exil. Ils ont refusé de répondre à la justice » a-t-il déclaré en mai dernier sur RFI. Entre autres demandes formulées au Président Patrice Talon, il y a la libération « des détenus politiques » notamment l’universitaire Joël Aïvo arrêté le 11 avril dernier et accusé d’atteinte à la sûreté de l’État et de blanchiment de capitaux et Réckya Madougou  arrêtée le 3 mars 2021 et poursuivie pour« financement de terrorisme.  À l’analyse des faits, l’on pourrait dire que la réponse à cette doléance se trouvait déjà dans l’intervention de Talon sur RFI. Pour Talon, « il ne faut pas qu’on utilise la justice pour régler des comptes politiques »

 

S’agissant de la demande de Boni Yayi relative au dialogue avec toutes les classes politiques, l’ancien porte-parole du gouvernement, Alain Orounla avait déjà apporté des éléments de réponse. Pour lui, le gouvernement du Président Patrice Talon ne dialoguera pas avec les terroristes. Il avait également fait remarquer que le dialogue sera possible lorsque les compatriotes qui se sont égarés retrouveront le bon chemin. Face à ces différentes positions affichées entre temps par le Chef de l’État Patrice Talon, l’on est à même de penser que toutes les propositions de Boni Yayi ne pourront pas être les bienvenues chez Patrice Talon même si, on peut admettre que tout est possible en politique. Il faudra donc un minimum de concession de part et d’autre pour véritablement espérer une décrispation de la tension sociopolitique.

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