La rentrée scolaire est effective depuis le 20 septembre 2021 au Bénin. Apprenants et enseignants ont repris le chemin de l’école après des vacances bien méritées. Sauf que dans le rang des enseignants, il y a une catégorie communément appelée aspirants et qui est confrontée à des problèmes. Comme un serpent de mer, les difficultés auxquelles sont confrontés les aspirants encore appelés pré-insérés refont surface à chaque rentrée sans pour autant trouver des solutions.

 

Après 3 mois de vacances sans salaires, les enseignants “Aspirants au Métier de l’Enseignement” (AME) sont appelés au même titre que leurs collègues Agents contractuels et Fonctionnaire de l’État à effectuer la rentrée alors même qu’ils ignorent le contenu de leur contrat. Ces enseignants bien qu’étant pétris d’expériences et qualifiés pour la plupart sont réduits en ‘’esclaves’’ ne serait-ce que par la masse horaire exorbitante comprise entre 26 heures et 30 heures de travail par semaine qu’on leur impose. Cela, en violation flagrante de l’arrêté N°2019-069 du 27 novembre 2019 portant charge horaire hebdomadaire des professeurs des enseignements secondaire général, technique et de la formation professionnelle (18 h et 20 h recommandées par les normes internationales pour une efficacité de rendement). Voici des pères et mères de familles affamés pendant 3 mois et qui le resteront d’ailleurs pendant 2 autres mois supplémentaires, mais qui ont pour mission d’allumer la flamme du savoir être, du savoir-faire, du savoir agir chez les enfants de la République au moment où leurs propres rejetons, le ventre creux sont incertains d’être scolarisés.

 

En examinant de près la masse horaire comprise entre 26 et 30 heures imposée aux aspirants, l’on constate que comparativement à la masse horaire comprise entre 20 et 22 heures comme ce fût le cas, il y a 2 ans, ces vaillants ‘’soldats’’ de la République ont cumulé un gap horaire moyen de 8 heures. Ainsi, semestriellement, chaque aspirant aurait exécuté bénévolement pour l’État 192 heures supplémentaires et pour les 9 mois que durent l’année scolaire, a travaillé bénévolement pour l’équivalent de 4 mois. De facto, chaque aspirant a travaillé pour 13 mois, mais payé pour 9 mois. Quel paradoxe !

Rencontre TalonYayi: «Il faut des actes», Expédit Ologou

Voilà un système qui exclu d’emblée, les plus de 80% des acteurs que sont les aspirants, dès lors que des formations de renforcement de capacité moyennant une rémunération sont initiées à l’endroit des enseignants pour optimiser le rendement de ces derniers. Les enfants béninois n’ont-ils pas le même droit de mériter un enseignement qualifié et formé de façon continue ? Où sont-elles, les associations des parents d’élèves face à ce drame qui se joue depuis plusieurs années ? Pourquoi adopter cette politique éducative à géométrie variable ? Quelle est la position du Conseil national pour l’éducation face à cette dérive du système et qu’est-ce qui se fait pour que cette injustice soit corrigée pour le bonheur du système éducatif béninois ?

L’équation mal posée qui confirme la discrimination

Parlant de politique éducative à géométrie variable, il est loisible de rappeler que la rentrée a été fixée au Bénin pour la date du 20 septembre 2021, mais dans le même temps, les contrats des enseignants appelés AME prennent effet en octobre 2021 selon les indices de l’Agence Nationale Pour l’Emploi (ANPE). Une décision qui a d’ailleurs suscité des  interrogations du syndicaliste Alexandre ADJINAN de la Confédération des Organisations Syndicales Indépendantes du Bénin (COSI-BÉNIN). « Doit-on retenir qu’il y a deux différentes dates de reprise des cours pour la même année scolaire dans le même pays, à savoir le 20 septembre pour les autres catégories d’enseignants et le début du mois d’octobre pour les AME? » s’est-il interrogé. « Les programmes à exécuter et les plannings d’exécution élaborés, diffèrent-ils d’une catégorie d’enseignants à une autre quand bien même ils doivent intervenir dans les mêmes promotions et dans les mêmes classes » a-t-il poursuivi.

Rentrée scolaire-Covid19 au Bénin: Une équation bien posée

Les enseignants Aspirants au métier de l’enseignement ne réclament que des conditions humaines de travail. À quelques jours de la rentrée, ils l’ont d’ailleurs fait savoir à travers des messages de la Fédération national des collectifs des enseignants Pré-insérés du Bénin (FENaCEPIB), diffusés sur les réseaux sociaux. Parmi les messages, il y a en a qui ont attiré l’attention de plus d’un comme celui-ci : « S’il y a une jeunesse qui est en train d’être sacrifié, c’est la nôtre, celle des AME. Dans un ou deux ans, avec ce programme qui refuse d’aboutir à l’insertion, beaucoup d’AME ne pourront plus jamais accéder à la fonction publique de notre pays ».

 

 

L’espoir est encore permis…

 

En résumé, cette catégorie d’enseignant réclame l’application de l’arrêté fixant les 18h/20h par semaine, l’amélioration des salaires, le payement 12 mois sur 12, la jouissance des primes de rentrée et autres primes dont bénéficient les autres enseignants pour le même travail abattu, la jouissance effective des dotations (fiches pédagogiques, stylos, craies…) au même titre que leurs collègues, le maintien et la stabilisation.

Vivement que le Chef de l’État Patrice Talon, père de la Nation, au cours de son second mandat qu’il a placé sous le signe du « hautement social »pense de façon générale aux enseignants du primaire et du secondaire et en particulier aux aspirants qui continuent d’être des appendices pour leurs parents à 35 ans, voire 40 ans. Ces vaillants ‘’soldats’’ qui pour le moment essaient de survivre peuvent continuer d’être la risée de leur communauté sociale…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *