Le professeur en entomologie, Thiery Alavo dénonce depuis quelques jours une mauvaise gestion des fonds alloués à la lutte contre le paludisme. À en croire ce dernier, les fonds devant servir pour cette cause sont détournés par des responsables de projets, notamment au centre de recherche entomologique du ministère de la Santé. Des chercheurs qui mèneraient une lutte ‘’bancale’’ en exposant les populations à de différentes maladies et polluant l’environnement. À travers cette interview accordée à DBMEDIAS, le fondateur du Centre Edward Platzer pour la lutte raisonnée contre les vecteurs du paludisme invite les structures compétentes de l’État  à se saisir de ce dossier afin de vérifier l’utilisation qui est faite des fonds alloués à la lutte contre les vecteurs du paludisme.

Fouille des portables des citoyens:«C’est de la pagaille» Roger Tawès 

 

DBMEDIAS : Vous aviez déclaré une guerre à certains de vos collègues sur les réseaux sociaux. N’est-ce pas une guerre de leadership ?

 

Thiery Alavo : Tout d’abord, je tiens à remercier DBMEDIAS, pour son intérêt par rapport à cette lutte que je viens d’engager pour le bien-être collectif et la dignité. Très sincèrement, moi, Alavo Thiery, je ne recherche rien du tout, à part l’intérêt général et le développement de mon pays d’origine. Je vivais au Canada, en tant que citoyen Canadien et travaillais comme chercheur associé à l’Université McGill de Montréal quand j’ai décidé de revenir au Bénin. Cette décision a été prise en 2004 après un séjour au Bénin qui m’a permis de constater que le Bénin avait plus besoin de moi que le Canada. Je me suis fait recruter à l’UAC en décembre 2005, et depuis ce temps, j’ai consacré toutes mes énergies pour conduire des travaux de recherche et développement en vue d’élaborer des méthodes innovantes pour la lutte  raisonnée contre les insectes nuisibles y compris les vecteurs du paludisme. J’ai investi des fonds privés pour construire le laboratoire dans lequel je travaille à l’Université d’Abomey-Calavi afin de me donner les moyens pour élaborer des bio-insecticides. Tout ceci m’a permis de mettre au point, entre autres, la technologie des nématodes pour la lutte raisonnée contre les vecteurs du paludisme, une technologie homologuée par l’OMS depuis très longtemps. J’ai même publié le livre intitulé « Pratiques saines de lutte contre les moustiques, ou David contre Goliath afin de vulgariser les techniques qui permettent de lutter contre les moustiques sans nuire à la santé humaine et à l’environnement. Malheureusement, je constate qu’il y a des gens qui veulent que le paludisme perdure, pour qu’ils continuent de s’enrichir sur le dos des pauvres. Quand c’est comme ça, vous pouvez comprendre que je n’ai pas un autre choix à part lutter contre ces réseaux mafieux.

 

Vous dénoncez des pratiques peu orthodoxes  de fonctionnaires au Ministère de la Santé, mais également d’universitaires  via les réseaux sociaux. Avez-vous déjà mené des démarches officielles avant ces dénonciations publiques ?

 

Par le passé, j’ai eu à adresser une lettre à une ancienne Ministre de la Santé pour solliciter le soutien de l’État pour pouvoir obtenir un financement de 500 millions de FCFA, pour le déploiement de la technologie des nématodes au Bénin. Mais, Martin AKOGBETO a torpillé le dossier et le Bénin a perdu ce financement ; tout porte à croire qu’aucun Ministre de la Santé n’ose l’affronter. J’avais également adressé des lettres aux institutions comme l’USAID et l’OMS. Mais, ces organisations transfèrent  toujours mes requêtes au Ministère de la Santé, où le ‘tout puissant’ Martin AKOGBETO torpille tout. Maintenant, je suis fatigué de voir les pauvres souffrir à cause des insecticides chimiques dangereux qu’on déverse dans leurs habitations, alors que les solutions saines existent. C’est pourquoi j’ai transposé le problème sur les réseaux sociaux pour que le monde vienne au secours des pauvres.

 

Vous aviez dénoncé des faits assez graves dans le cadre de la lutte contre le paludisme avec des financements qui ne servent pas à grandes choses. Des populations qui sont intoxiquées. Ne pensez-vous pas que ce sont des déclarations qui porteront des préjudices au Bénin à l’international ?

 

Non pas du tout ! Je pense bien que les institutions internationales et l’actuel gouvernement béninois déboursent de l’argent dans le but d’éradiquer le paludisme. Mais, je ne suis pas sûr qu’ils soient au courant de l’usage qui est fait des fonds alloués à la lutte contre les vecteurs du paludisme. Donc, mes dénonciations publiques pourront leur permettre de faire des investigations pour connaître la vérité.

 

Certains citoyens ont souvent déclaré que l’exécution des projets n’apportent toujours  pas grandes choses aux populations, mais permettent plutôt  aux cadres de s’engraisser. Ne pensez-vous pas que vos déclarations viennent  confirmer de telles pensées ?

 

Bien sûr ! Et moi, je braque les projecteurs sur le sous-secteur spécifique de la lutte contre les vecteurs du paludisme où les sommes faramineuses dépensées servent à enrichir des individus et à empoisonner les villageois avec des insecticides chimiques dangereux.

 

Quelles sont vos propositions pour une lutte efficace contre le paludisme et les cadres véreux tapis dans l’administration ?

 

Mes propositions pour lutter efficacement contre les vecteurs du paludisme sans nuire à la santé humaine et à l’environnement sont consignées dans mon livre intitulé « Pratiques saines de lutte contre les moustiques, ou David contre Goliath » (disponible sur amazon.com, et les librairies à Cotonou). En ce qui concerne les cadres malhonnêtes, je souhaite que les services compétents de l’État, se saisissent du dossier afin de vérifier l’utilisation qui est faite des fonds alloués à la lutte contre les vecteurs du paludisme. Ce n’est pas du tout exclu que des crimes économiques soient également commis au centre de recherche entomologique du Ministère de la Santé.

 

Un appel pour conclure cet entretien

 

Je voudrais tout simplement demander au Chef de l’État de bien vouloir s’intéresser aux activités du centre de recherche entomologique du Ministère de la Santé, comme il l’a fait suite à mes dénonciations relatives aux malversations perpétrées à l’Université d’Abomey-Calavi. Le paludisme ruine notre pays, on ne peut pas continuer à dépenser des sommes énormes pour enrichir des individus et pour déverser des insecticides chimiques dangereux dans les habitations des pauvres.

Bénin/Lutte contre le paludisme: Le Professeur Alavo dénonce des magouilles

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *