Le système éducatif béninois connait depuis plusieurs décennies des soubresauts qui l’empêche de faire valoir ses performances. Ainsi les différents gouvernements qui se sont succédés à la tête du pays ont tenté de le rendre plus ou moins aux normes. Mais force est de constater que le chemin à parcourir reste encore assez conséquent, malgré les efforts qui sont fournis. Ils sont nombreux, ces spécialistes qui pensent que ce système est en agonie. Parmi ceux-ci, nous avons le professeur émérite d’université, Faustin Aïssi qui à travers une réflexion rendue publique en ce mois de décembre 2021 montre les tares du système éducatif béninois que les gouvernements ont du mal à résorber.

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La politique de gestion du système éducatif par le gouvernement de la rupture depuis l’avènement du Chef de l’État Patrice Talon à la tête du pays en 2016 n’est pas du goût du Professeur Faustin Aïssi. Cet intellectuel qui se réclame proche du régime en place estime que ce secteur clé qui permet à un pays d’aspirer au développement ne bénéficie pas de toute l’attention dont il a besoin. « Pour des pays à forte dominance jeune (60% au moins), c’est l’éducation nationale notamment son levier formation-recherche qui est le principal moteur du développement pour une nation, les infrastructures et énergie n’en n’étant que des outils » a-t-il fait remarquer, arguant que la formation des enseignants devrait être l’axe dorsal de cette politique en commençant par la dotation en ressources humaines, financières et de logistiques conséquentes. Le Professeur Faustin Aïssi dénonce notamment le manque criant des Écoles nationales des instituteurs (ENI) et École Normale Supérieur (ENS). « Le plus dur étant la formation des hommes et des femmes, il eût fallu commencer par la création d’ENI et d’ENS (6 ENI et 6 ENS) supplémentaires dans les départements, au lieu de se contenter des deux ou trois que nous avons depuis des décennies dont Porto-Novo et Natitingou » s’est-il désolé.

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La problématique liée à la précarité des enseignants notamment ceux appelés ‘’aspirants’’

Dans son analyse, Le Professeur Faustin Aïssi n’a pas occulté la banalisation de la fonction enseignante par le gouvernement en place. Il s’insurge contre le terme ‘’ Aspirant’’ qui selon lui est inapproprié pour désigner une des catégories des enseignants et dit ne pas comprendre les raisons qui motivent le paiement de 9 mois sur 12 de salaire aux aspirants. « Ne les payer que 9 mois sur 12, si cela est vrai, est une absurdité dont je ne comprends même pas que les ministres concernés en acceptent le principe, car la charge de l’enseignant n’est pas seulement devant les élèves, mais intègre aussi les corrections de copies ordinaires et des examens, les réunions pédagogiques etc ». Le Professeur Faustin Aïssi estime que « … Les vacances scolaires ne sont pas du fait des enseignants, mais de l’organisation sociale où les sociologues estiment qu’au-delà d’un certain nombre d’heures par jour ou de semaines, l’assimilation intellectuelle d’un enfant ou d’un jeune devient problématique pouvant conduire à des perturbations et déséquilibres psychologiques dommageables à la santé de l’enfant ».

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Abordant la question des salaires, l’enseignant explique que dans un monde globalisé, les pays tel que le Bénin ne peuvent prétendre se développer avec un SMIC à 40 ou 45.000 FCFA, des instituteurs entre 100.000 et 150.000 FCFA, des cadres supérieurs à 300.000 FCFA surtout quand la majorité de ces gens vivent dans des grandes villes. « L’économie, c’est d’abord la consommation. Si vous n’avez pas des gens pour acheter vos produits, vos productions ne se vendront pas et vous resteront dans les bras » a justifié le Professeur Faustin Aïssi qui trouve qu’il y a un gap énorme entre les salaires des hauts fonctionnaires de la République et le salaire le plus bas. « Dans un pays normal, l’écart entre le salaire le plus bas et celui le plus élevé, public et privé confondus, se trouve dans une échelle de 1 à 20 ou 30 maximum. Cela situe le salaire des ministres, préfets et autres chefs de grandes entreprises ou capitaines d’industrie autour de 1.500.000 FCFA. Je ne pense pas que ça soit le cas au Bénin ».

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