Reculer pour mieux sauter dit l’adage populaire. Et c’est visiblement l’une des raisons ayant conduit à la suspension de la grève de 72 heures entamée par les aspirants aux métiers d’enseignant. Démarrée lundi 6 décembre 2021, le mouvement de débrayage qui avait pour objectif de dénoncer les conditions de vie et de travail de cette catégorie d’enseignants n’aura duré qu’à peine 48 heures. En effet, l’autorité, grâce à la stratégie de la menace de résiliation de contrat des meneurs d’une telle lutte a su créer la débandade. Et pourtant, il s’agit d’une lutte de survie puisqu’on parle de condition de vie et de travail non reluisante d’une corporation.

Bénin/Grogne dans le rang des AME: Les propositions du Snestfp

Paiement de douze (12) mois de salaire au lieu de neuf (09) mois, retour au quota horaire hebdomadaire normal compris entre 20 et 22 heures et le recrutement en qualité d’Agents de l’État. Voilà les trois revendications qui sous-tendent le mécontentement des enseignants aspirant au métier d’enseignant (AME) communément appelés aspirants. Désespérés et ne pouvant plus supporter la souffrance physique et morale dont ils sont victimes, les AME ont décidé de se faire entendre à travers un mouvement de débrayage. Mouvement qui très tôt a été étouffé par l’autorité. Sentant déjà les prémices de la désorganisation des activités pédagogiques puisque les AME représentent environ 80%, le Directeur de cabinet du ministre de l’Enseignement secondaire a tôt fait d’émettre une note de service en date du 3 décembre portant suspension de contrat des aspirants signataires de motion de grève. Une attitude qui est loin d’être la solution au problème réel qui se pose d’autant plus que les protestataires ne font qu’exprimer un ras-le-bol.

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Le Syndicat national des enseignants du secondaire technique et de la formation professionnelle (Snestfp) à travers une analyse en date du 08 décembre 2021, signé par son secrétaire général, Alexandre Adjinan a d’ailleurs reconnu que cette stratégie du ministère qui consiste à ramener les grévistes en de meilleurs sentiments n’est que de l’intimidation qui ne fait aucun bien au système éducatif. « Le gouvernement n’aurait donc trouvé aucune solution au malaise profond que vivent les AME en obtenant par les menaces et les intimidations, la suspension de leur motion de protestation. Même si ladite motion est déjà suspendue, nous restons convaincus que les activités pédagogiques seront mal exécutées par les enseignants concernés car, aucun enseignant maltraité, déçu et démotivé ne peut faire une bonne prestation et améliorer la qualité de l’offre éducative. Il urge alors que le gouvernement prenne la mesure de la situation » peut-on lire à travers l’analyse du Snestfp. En gros, la résiliation des contrats des aspirants grévistes est une mauvaise réponse à un vrai problème, car comme le dit Thomas Sankara « On peut tuer un homme, mais pas les idées ». Il y aura toujours des hommes pour porter les idéaux nobles. Nul ne peut empêcher les AME d’exprimer leurs douleurs. Ils sont en droit, de crier haro face au siphonnage de leur énergie vitale qui n’a autre conséquence que de les consumer inexorablement de l’intérieur en faisant d’eux des zombies de la société.

Bénin: La FéNaCEPIB exprime le ras-le-bol des enseignants aspirants

 

Suspension de la grève des AME, un repli tactique selon l’un des porte-parole des grévistes

 

La suspension de la grève des AME n’est qu’un repli tactique. C’est ce qu’il sied de retenir des propos de Pierrot Akodjènou, l’un des porte-parole de la Fédération Nationale des Collectifs des Enseignants Pré-Insérés du Bénin (FéNaCEPIB). La stratégie de lutte sera revue a-t-il confié à Radio Frisson. « Nous avons levé la motion de grève. Nous allons chercher d’autres stratégies pour mener la lutte, car le mal est bien profond. Il n’y a plus autres moyens de nous faire entendre que d’aller par cette pression parce que nous avons eu plusieurs séances de négociations avec les autorités qui nous promettent que ça va s’améliorer. Ce qui n’est jamais le cas. Nous sommes dans cette situation depuis trois ans » a déclaré Pierrot Akodjènou qui visiblement est déterminé à mener la lutte à bon port. Encore qu’il faille que ces autres collègues AME puisse parler d’une même voix afin de tenir bon dans cette lutte de survie.

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