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Les 26 trésors royaux d’Abomey pillés par la France seront de retour dans l’après-midi de ce mercredi 10 novembre 2021 au Bénin, après avoir passé près de 130 années dans l’hexagone. Toutes ces pièces ont été volées lors de la mise à sac du palais d’Abomey par les troupes coloniales du général Dodds en 1892, avant l’envoi en exil en Martinique puis en Algérie du roi Béhanzin. Ce « retour au bercail » de ces œuvres emblématiques conservées jusqu’ici au musée du Quai Branly est définitif après leur départ dee Paris en avion-cargo, suite à la signature de l’acte de transfert de proprité entre la France et le Bénin. Que retenir de ces 26 oeuvres des trésors royaux d’Abomey. Elément de réponse dans cet article que vous propose DBMEDIAS.

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Les 26 objets restitués (Collection Dodds)

Statue royale Bochio mi-homme, mi-oiseau du roi Ghézo (1818-1858)

Ce bochio (nom vernaculaire) est dédié au roi Ghézo. Les lames de fer évoqueraient le plumage de l’oiseau ghé, sorte d’oiseau cardinal, auquel Ghézo se comparait. Les rois du Danhomè disposaient d’ateliers royaux composés d’artisans ou d’artistes réputés pour leur inspiration et leur capacité de création comme de nouveauté.

Statue royale Bochio mi-homme mi-lion du roi Glèlè

Cette statue à la tête de lion représente le roi Glélé (1858-1889). Elle était porté en procession lors du défilé annuel des richesses entre le palais royal et le marché. Elle aurait aussi accompagné les troupes vers les lieux de combats. Le reste de l’année, elle était conservée dans Adanjèho, « la case du courage ».

Statue royale bochio mi-homme mi-requin du roi Béhanzin (1890-1894)

Les statues royales bochio protégeaient l’armée. Le roi Béhanzin avaient plusieurs noms forts (surnoms) et plusieurs emblèmes. Gbowelé signie le requin, qui renvoie à une phrase prononcée par le roi qui se comparait au requin capable d’empêcher les français d’accoster depuis le Golfe de Guinée.

Trône du roi Ghézo (longtemps dit « Trône du roi Béhanzin »)

Ce trône, initialement associé au roi Béhanzin (1890-1894) fut réatribué au règne de Ghézo (1818-1858) car il fut reproduit en 1847 dans l’ouvrage de John Ducan, en 1847, Travels in Western Africa, in 1845 et 1846, Volume 1.

Le roi s’installait sur ce trône pour des occasions exceptionnelles comme la cérémonie d’Ato en hommage aux ancêtres royaux. Le trône était installé sur une estrade qui lui permettait de surplomber la foule et de distribuer des présents à l’ensemble de ses sujets : cauris, tissus, animaux, nourriture, armes… Le sculpteur y a mêlé des motifs et des techniques d’origine portugaise. Cette influence s’explique par le lien entre le Danhomè et le Brésil dans le commerce des esclaves et le retour des esclaves affranchis. Les objets comme les techniques et les images ont influencé l’art de cour à Abomey, mais aussi à Porto-Novo et à Ouidah.

Trône du roi Glèlè

Le trône de Cana

Cet objet appelé dans l’inventaire « siège royal », saisi à Cana par le général Dodds, fut un temps dénommé « trône de Béhanzin » (Delafosse 1894b). Polychrome et sculpté dans un seul bloc de bois, il représente une scène sur deux registres superposés. Son attribution immédiate à Béhanzin fait l’unanimité, ce qui est probablement dû aux informations fournies par son donateur, le général Dodds.

Ce trône provient de Cana, ville sacrée du royaume, située à une vingtaine de kilomètres d’Abomey, la capitale. La partie supérieure du trône représente le roi sous son parasol, entouré de ses servantes. À l’étage inférieur, une file d’esclaves entravés évoque deux caractéristiques majeures du royaume : sa politique expansionniste et l’asservissement des populations des régions conquises.

 

Le siège tripode kataklè sur lequel le roi Béhanzin posait ses pieds

Le tabouret royal appelé Kataklè est sculpté dans un seul morceau de bois et constitue un attribut de pouvoir. Il sert de trône portatif.

Portes du palais royal d’Abomey (roi Glèlè)

Ces quatre portes furent déterrées par l’armée française après la prise d’Abomey en 1892. Elles avaient été cachées par des membres de la cour avant que le roi Béhanzin ne quitte la capitale. Les murs et les portes des palais d’Abomey étaient ornés de motifs allégoriques faisant référence aux divinités du panthéon fon, aux hauts faits des rois et à des épisodes historiques mémorables.

Asen hotagati (19e siècle) surmonté d’une panthère, ancêtre de la dynastie royale

L’autel portatif aseñ hotagati à la panthère, ancêtre des familles royales de Porto-Novo, d’Allada et d’Abomey. La dynastie d’Abomey, comme celle d’Allada et de Porto-Novo, descend d’un ancêtre commun mi-homme, mi-panthère, Agassou. Pour la cérémonie dédiée aux ancêtres royaux, l’asen hotagati est fiché sur le toit du tombeau de l’esprit royal, le jeho.

Autel portatif Asen 

Calebasse à couvercle

La calebasse, est souvent utilisée comme récipient. Elle peut être décorée de gravures. Ces motifs permettent de transmettre des messages – souvent amoureux – au destinataire de la calebasse.

Un fuseau et un métier à tisser

Ce métier à tisser, formé d’un cadre de bois et d’un peigne, montre un lé de coton en cours de fabrication. Cet outil de tissage s’utilise horizontalement avec l’aide d’un fuseau – formé d’une baguette et de deux rondelles de liège – où est enroulé le fil de coton. Les vêtements étaient cousus à partir de bandes tissées assemblées par des artisans spécialisés.

Chaussure

Tunique et pantalon de soldat ou d’agoodjié 

Cette tunique et ce pantalon appartiennent à un soldat ou une agoodjié du royaume du Danhomè. Les rayures bleues et rouges de cette tenue font pencher pour une artilleuse, chargée des armes lourdes telles que les canons.

Un sac

Ce sac en cuir serait une gibecière de fabrication haoussa. Originaires du nord du Nigéria et du sud Niger actuels, les Haoussa excellent dans de nombreux artisanats dont celui du cuir.

Des bâtons de danse, des recades témoignent de l’âge d’or du royaume du Dahomey.

 

 

Note d’histoire sur ces oeuvres des trésors d’Abomey

Entre 1890 et 1894, dans le sud du Bénin actuel, des conflits puis une guerre opposent le royaume du Danhomey à la France. Une colonne expéditionnaire menée par le colonel Alfred-Amédée Dodds (1842-1922) entre dans Abomey, capitale du royaume, le 17 novembre 1892. Les militaires français s’emparent des lieux. L’histoire renseigne que le roi Béhanzin, dans sa fuite, exige que les palais royaux soient détruits par le feu. Mais le colonel Dodds et ses hommes pillent les palais d’Abomey, sans que l’on ne sache exactement combien de pièces ont été emportées à cette période. Dodds est devenu entre-temps général, il décide alors de donner vingt-six trésors royaux au musée d’ethnographie du Trocadéro entre 1893 et 1895. Ces objets sont conservés au musée du Quai Branly-Jacques-Chirac depuis 2003.

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