Elifaz/La Grande Réunion Familiale

Le conseil scientifique de l’Université d’Abomey-Calavi, présidé par le recteur Félicien Avlessi, a décidé d’interdire l’organisation de fêtes ou réceptions pour les membres du jury après les soutenances de mémoire ou de thèse de doctorat sur le campus. Cette décision, rendue à travers une note le jeudi 20 juillet 2023 et prenant effet à partir du premier septembre 2023, vise à éviter tout favoritisme ou conflit d’intérêt potentiel pouvant compromettre l’intégrité académique de ces procédures d’évaluation. L’interdiction suscite différentes réactions de la part des étudiants, des enseignants et des parents d’étudiants, comme le rapporte ce reportage de DBMEDIAS.

Rectorat/Uac

Les cadeaux offerts aux membres des jurys lors des soutenances font partie des traditions pour les étudiants en fin de formation. Après les délibérations, les jurys repartent généralement avec des cadeaux. Cependant, cette pratique, en vigueur depuis de nombreuses années, sera désormais abolie à l’université d’Abomey-Calavi. Certains étudiants se réjouissent de cette décision et estiment qu’elle est salutaire, car selon eux, elle met un terme à une forme de corruption. Iradath Mama, une étudiante ayant déjà soutenu, déclare « Je pense que c’est une bonne décision, car certains prennent cela comme une forme de corruption ». Par ailleurs, d’autres étudiants estiment que cette décision a ses limites, car, ils considèrent les cadeaux comme une façon de témoigner leur gratitude envers leurs directeurs de mémoire, qui font souvent partie des membres du jury. En témoigne Donatien Sowanou, étudiant à l’Université d’Abomey-Calavi : « Lorsqu’on termine une soutenance, c’est une action de grâce. J’ai fait trois années d’études et j’ai réussi, donc je fais quelque chose de symbolique pour pouvoir donner à mes amis, à mes parents et à tous ceux qui m’ont soutenu. C’est une sorte d’hommage », a-t-il confié au micro de Odéniatou BAWA. Narcisse Aberekere, un étudiant rencontré sur le campus quant à lui, considère que cette interdiction n’est pas la bienvenue. Selon lui, il est important que l’impétrant puisse partager sa joie lors d’un moment de réjouissance modeste après de laborieuses tâches. « Après de laborieuses tâches, il convient de s’accrocher à un moment de réjouissance modeste » a-t-il fait savoir. Quant au président de la Fédération Nationale des Étudiants du Bénin (FNEB), il ne voit pas d’objection à cette décision, car elle permettra de réduire les dépenses des étudiants lors des soutenances. « Cette note de service ne pénalise en rien les étudiants, bien au contraire » a-t-il précisé.

Réaction de certains parents d’étudiants

L’Interdiction de cadeaux lors des soutenances à l’Uac est perçue comme un soulagement pour les parents d’étudiants, qui se voient décharger d’une dépense supplémentaire. Offrir des cadeaux aux jurys, distribuer des aliments et des boissons aux participants ou aux camarades étudiants présents lors des soutenances, ainsi que les réceptions, sont autant de frais engagés par les parents à la fin des soutenances de leurs enfants. Certains parents se réjouissent de cette mesure qui leur permettra d’économiser.  « Cela a toujours été un souci pour moi, puisque j’ai des amis dont leurs enfants ont déjà pris par là et je sais combien ils dépensent dans cette affaire de cadeaux et réceptions. Donc c’est un soulagement pour moi » renseigne Arnaud Agboto, mécanicien à Akassato. René Prosper Dossou, un instituteur à la retraite, estime que supporter financièrement un enfant jusqu’à la fin de sa formation est déjà coûteux, et organiser des réceptions après la soutenance est considéré comme du gaspillage. « Moi, je trouve cette décision vraiment salutaire. Les dépenses à l’université ne sont pas faciles. Ensuite, penser encore à faire réception et donner de cadeaux aux membres de jurys après sa soutenance alors que l’enfant n’a pas encore trouvé à faire, moi, je pense, c’est du gaspillage » a-t-il déclaré.

 

Quid des professeurs ?

 

Du point de vue des enseignants de l’Université d’Abomey-Calavi, la décision de l’autorité est bien accueillie. Pour la plupart des enseignants qui font partie des jurys, cette mesure évitera toute suspicion de favoritisme, car les cadeaux étaient souvent remis après la soutenance. Selon un enseignant souhaitant rester dans l’anonymat, les jurys sont déjà rémunérés pour leur participation à la soutenance, et l’obtention de cadeaux supplémentaires n’est pas nécessaire. « Cette mesure ne doit pas être liée au favoritisme puisque c’est après la soutenance qu’on reçoit de cadeaux. La raison doit plutôt être que le jury est déjà payé pour avoir siégé, donc il n’y a plus une autre raison qui justifie que l’étudiant le paie en cadeau ». Quant au Professeur Albert Koukpossi « C’est la décision de l’autorité. On ne peut que s’en accommoder ». Il ajoute qu’en leur temps qu’ils en avaient donné à leur professeur.  Le professeur Thiery Alavo, responsable du Laboratoire d’Entomologie Edward Platzer, va plus loin en exprimant son espoir que cette mesure ne soit pas uniquement un geste symbolique pour montrer que l’université se soucie de l’éthique. Il affirme n’avoir jamais accepté un quelconque cadeau de la part d’un étudiant. « Personnellement, je ne prends jamais ni cadeau ni nourriture chez les étudiants, d’abord parce que je crains de me faire empoisonner et puis je ne veux pas qu’on en profite pour me présenter comme un corrompu » déclare Thiery Alavo. En conclusion, cette décision, qui prendra effet le 1er septembre 2023, suscite des avis divergents chez les étudiants, les enseignants et un soulagement chez les parents d’étudiants. Elle vise à renforcer l’intégrité académique des procédures d’évaluation tout en réduisant les dépenses liées aux soutenances. Tout contrevenant à cette interdiction s’exposera à des sanctions disciplinaires.

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