La vente de l’essence de contrebande, communément appelée » Kpayo » a été l’une des bêtes noires des différents gouvernements qui se sont succédés depuis le début du renouveau démocratique au Bénin. Mais avec l’avènement du régime de la rupture en 2016, il est aisé de constater que la stratégie de lutte contre ce commerce illégal a changée. En témoigne l’installation des stations-services un peu partout sur le territoire national.
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L’argument des acteurs de la filière de l’essence de contrebande, pour faire fléchir les gouvernants dans leur volonté de lutte était le manque de stations-services dans le pays. Cette réalité crevait l’œil d’autant plus qu’il y a quelques années en arrière, on pouvait compter au bout des doigts, le nombre de stations-services en pleine ville de Cotonou. La situation était encore plus criante dans les autres communes du pays. Ainsi, face à cette réalité, les gouvernants n’avaient autre choix que de rebrousser chemin. Conscient de cette réalité, le Chef de l’État, Patrice Talon a visiblement changé de stratégie depuis 2016 en cherchant à régler le problème à la base. D’où la politique d’installation des stations-services dans toutes les communes du Bénin.
En effet, l’exécutif a décidé d’accorder un certain nombre de facilité aux promoteurs des stations-services. Il n’est plus question de mener la chasse aux vendeurs de l’essence de la contrebande. Surtout quand on sait que la pratique de ce commerce illicite permet à bon nombre de citoyens de nourrir leur famille. Le gouvernement béninois a fait l’option de mener autrement cette lutte en offrant la possibilité à la population de se ravitailler dans les lieux indiqués. Avec la nouvelle donne, le nombre de stations-services se multiplie de jour en jour. Quelques citoyens rencontrés dans les départements de l’Atlantique et du littoral déclarent d’ailleurs avec fierté que chaque quartier dispose désormais de sa station-service fonctionnelle à plein temps. À cette allure la commercialisation de l’essence frelatée qui est une activité illégale et à risque, pourrait disparaître sans grande pression notamment dans les grandes villes du Bénin.
Le code pénal, un instrument dissuasif
En dehors du fait que les stations-services se multiplient, le Bénin a mis au point un arsenal juridique devant amener les acteurs de la filière Kpayo à abdiquer. Il s’agit de l’adoption de la loi 2018-15 portant Code pénal en République du Bénin, le 5 juin 2018 par le parlement. Au nombre des innovations introduites dans le nouveau Code pénal, figure l’interdiction et la commercialisation, sous toutes ses formes, de l’essence frelatée communément appelée « kpayo », vendue aux abords des voies. Cette interdiction est clairement martelée à l’article 929 de ladite loi. Dans cet article, on retient que : « le commerce des carburants, notamment : essence super, essence tourisme, pétrole, gasoil, mélange deux temps, ainsi que celui des lubrifiants aux abords des rues, dans les agglomérations, et tout endroit autre que dans les dépôts des produits pétroliers ou des distributeurs agréés sont rigoureusement prohibés ». Une prohibition assortie de sanctions pénales prévues à l’article 930 du même texte qui vont de la confiscation des produits à des peines d’emprisonnement ferme de trois mois à trois ans.
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Il faut aussi ajouter que les forces de l’ordre sont actuellement mises à contribution afin que le commerce de l’essence de contrebande ne se fasse plus sur les routes principales du pays notamment les routes nouvellement asphaltées. Avec cette batterie de mesures, les acteurs de la filière du Kpayo n’ont autre choix que de se constituer en groupe pour construire des stations-services dans le pays. Cet assainissement actuellement en cours à travers la libération des espaces publics devra permettre aux différentes villes du Bénin de présenter un visage plus attrayant.
Blevert AKAKPO