L’épineuse question relative à la légalisation de l’avortement en République du Bénin continue de susciter des réactions. Si les évêques du Bénin prônent pour l’interdiction de sa légalisation, Angela Kpeidja pense plutôt que « L’avortement doit être sécurisé sous nos cieux ». À travers un post sur sa page Facebook dimanche dernier, l’auteure du livre »bris de silence » affirme que « rejeter le bien-fondé de ce projet de loi, relèvent purement et simplement du désir une fois encore de chosifier la femme et de contrôler sa volonté à elle. » Lire plutôt son analyse.
L’avortement doit être sécurisé sous nos cieux ! Le débat n’est pas de légaliser ou non l’avortement. Que faisons-nous pour protéger ces milliers de femmes qui décèdent dans notre pays chaque année à cause d’une complication de grossesse, d’accouchement ou d’un avortement à risque ?
J’ai 22 ans d’expérience en tant que spécialiste en communication pour la santé. Avant d’entamer cette carrière, j’avais travaillé 4 ans dans un cabinet médical en tant que paramédicale. Je me souviens encore de cette belle nièce disparue et retrouvée finalement à la morgue du CNHU. Elle avait eu des rapports sexuels non protégés avec son cousin qui l’avait ensuite amené chez un apprenti médecin pour un avortement non sécurisé.
Et cette autre qui en couple, tombe enceinte et essuie le refus de son conjoint d’assumer la grossesse ? Pour cause, le mari est en couple avec une autre. L’avortement réalisé dans la clandestinité, tourne au drame et est référé au CHU/MEL où les spécialistes ont été obligés de lui enlever son utérus pour la sauver. Il y a eu une autre qui a perdu une bonne partie de son intestin parce que l’interruption volontaire de grossesse a été pratiquée avec un rayon de vélo. Je venais à peine de commencer ma carrière dans les médias. J’ai encore les images…
Les femmes sont les plus vulnérables biologiquement à l’infection au VIH/SIDA. Pourtant, elles sont celles qui doivent négocier le port du préservatif pendant que l’homme a la possibilité d’acheter un préservatif (sans craindre le regard de la société) et ensuite de le porter s’il en décide ainsi. Même en couple, je suis obligée d’avoir le consentement de mon homme avant de me mettre sous contraception. Pourtant, il s’agit de ma santé !!!
Mon Dieu ! Et celle-là qui est violée et obligée de porter pendant 9 mois, ce fœtus qui lui a été imposé dans la violence ? Parce que pour bénéficier de l’interruption volontaire de grossesse même dans ce cas, il faut présenter un certificat qui prouve le viol ! Or généralement, il est difficile de se confier sans avoir peur du jugement social. Maintenant, visitez votre propre adolescence, votre vie de couple, vos familles et soyez honnêtes avec vous-mêmes ! Certains ont déjà pratiqué ou ont été complices d’un avortement à risque. Ce que veut l’Association Béninoise pour la Promotion de la Famille (ABPF), c’est réduire la mortalité maternelle. 4 femmes meurent chaque jour au Bénin en voulant donner la vie, et 15% de ces décès sont imputables à l’interruption volontaire de grossesse qui reste un soin médical comme tout autre.
Si l’on peut sécuriser ce soin et réduire la mortalité maternelle, je serai toute admirative des efforts qu’auraient fait les hommes politiques. Les autres analyses qui tendent à rejeter le bien-fondé de ce projet de loi, relèvent purement et simplement du désir une fois encore de chosifier la femme et de contrôler sa volonté à elle. Mais tôt ou tard, cela se fera … Nous braverons tous les préjugés et défierons toutes les normes macabres … Ce n’est qu’une question de temps !
Cette femme devrait être lapidée pour tentative d\’assassinat massif.