Accusé de « crime de guerre » et « déportation illégale d’enfants » vers la Russie dans le cadre du conflit opposant son pays à l’Ukraine, le président Vladimir Poutine est dans le viseur de la Cour pénale internationale (CPI). Pendant que la juridiction internationale songe à mettre la main sur le patron du Kremlin, en décernant un mandat d’arrêt international à son encontre, certains observateurs jugent cette procédure totalement ridicule, car une question importante mérite d’être posée : Qui ira chercher Vladimir Poutine ? Il est sans doute simple de décerner un mandat d’arrêt contre le chef de l’État russe, mais il importe de retenir que son arrestation sera d’une complexité qui ne dit pas son nom. Et même si elle arrivait à le capturer, les conséquences seront désastreuses. Si la CPI éprouve de difficultés à capturer Vladimir Poutine, c’est surtout à cause de certains facteurs qui ne facilitent pas cette procédure.

La Russie, un pays nucléaire

De quoi est constitué l’arsenal nucléaire de la Russie ? Sans être objectif, puisqu’il n’y a pas de conviction, l’arrestation du président russe reste un véritable casse-tête aussi bien pour ses adversaires directes que pour la Cour pénale internationale (CPI). Si l’on admet qu’il n’y a pas de précédents d’arrestation d’un dirigeant en exercice en vertu d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, il n’est donc pas sûr qu’il soit le premier avec qui la juridiction internationale fera cette expérience.

Unique héritière de l’arsenal nucléaire soviétique, Moscou a vu son stock s’accroître suite à la signature du mémorandum de Budapest en 1994 puisque l’Ukraine lui a remis, en échange d’assurances de sa souveraineté, son intégrité et sa sécurité, 1 900 têtes nucléaires conservées sur son territoire. Même si une partie a été détruite par la suite, il faut noter que la Russie disposait, en janvier 2016, de 1 800 têtes nucléaires opérationnelles. Elle disposait également de 525 lanceurs stratégiques d’engins nucléaires. En tout, elle posséderait environ 4 500 têtes nucléaires et 3 200 ogives inactives relativement intactes, de même qu’un très grand nombre d’armes chimiques. Selon les derniers chiffres publiés par la Fédération des scientifiques américains, la Russie possède 5977 têtes nucléaires. L’Institut de recherche international pour la paix de Stockholm a, quant à lui, estimé que la Russie dispose de 6255 ogives nucléaires et en a déployé 1600. À cela s’ajoute  »Satan II », le plus gros missile nucléaire intercontinental développé par la Russie. Considéré comme le plus gros missile nucléaire intercontinental, il peut frapper à plus de 10 000 kilomètres et a la capacité de réduire à néant un territoire ayant la superficie de la France ou du Texas. Sans oublier le RS-28 Sarmat, un missile balistique intercontinental. La Russie a aussi conçu des missiles hypersoniques Kinjal qui peuvent échapper à toute interception d’un bouclier anti-missiles.

La Russie, une puissance nucléaire et non un pays du tiers monde

Au 21ème siècle, il n’est plus à prouver que la Russie est l’une des grandes puissances du monde. Vu son arsenal nucléaire, la prompte réaction de ses dirigeants face aux différentes attaques étrangères, sa relation avec d’autres puissances de l’Asie telles que la Chine, la Corée du Nord et bien d’autres, il faut se rendre à l’évidence que l’arrestation de Vladimir Poutine ne fera que fragiliser ce monde dans lequel la Russie, les États-Unis et la Chine cherchent à s’imposer et à tout contrôler. Si certains observateurs continuent de se demander si le président russe se fera arrêter en Afrique du Sud lors du sommet des BRICS qui se tiendra en août 2023, il faut dire qu’il est quasiment impossible qu’un pays africain prenne ce risque. La Russie n’est pas un pays du tiers monde où il faut se rendre pour arrêter son président où l’interpeller lors d’un déplacement à l’étranger. La Cour pénale internationale (CPI), a cette facilité-là de capturer certains dirigeants africains, mais face à la Russie, ça ne sera pas chose facile puisque les menaces pleuvent déjà du côté de la Russie après l’émission du mandat d’arrêt. La Russie soutient son chef de l’État malgré les accusations de crime de guerre portées contre lui.

Qu’est-ce qu’un crime de guerre et qu’en est-il de Vladimir Poutine ?

Le crime de guerre est tout simplement une violation du droit international humanitaire au cours d’un conflit armé. Ainsi, la torture, les prises d’otages, l’homicide intentionnel, le transfert illégal, la déportation, la détention illégale, la destruction et l’appropriation de biens sont considérés comme des crimes de guerre d’après le Statut de Rome. Il est notamment interdit de viser directement les civils dans une guerre. Les attaques intentionnelles contre des hôpitaux ou des bâtiments religieux, le viol, l’emploi de gaz asphyxiants et toxiques, l’esclavage sexuel et la prostitution forcée sont aussi considérés comme des crimes de guerre. Au vu de tous ces éléments cités, Vladimir Poutine peut être traîné devant la Cour pénale internationale (CPI), mais l’influence de la Russie ainsi que la fragilité de cette juridiction, qui n’a jamais réussi à juger que les chefs de l’État d’autres continents à part l’Afrique, rend cette procédure nulle, puisqu’elle n’aura pas une suite favorable comme le souhaitent certains.

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Luc Roland Dansou

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