Au Liberia, la récente nomination de Musa Dean à la Cour suprême par le président sortant George Weah fait naître une controverse majeure. Cette décision intervient à la suite de la démission du juge Joseph Nagbe pour des raisons de santé, mais les circonstances de cette nomination suscitent des interrogations pointues.
La demande de retraite anticipée du juge Joseph Nagbe, acceptée par George Weah le 27 décembre dernier, a ouvert la voie à la nomination de Musa Dean, actuel ministre de la Justice. Cependant, la proximité de cette décision avec le départ imminent du président sortant soulève des questions fondamentales. Pourquoi cette nomination précipitée, à seulement trois semaines du changement de gouvernement ? Bien que des raisons de santé soient avancées, des observateurs soulignent que le juge Nagbe avait des problèmes de santé depuis 2018 et aurait pu démissionner bien avant. De plus, la non-publication de sa lettre de démission suscite des doutes supplémentaires. Oscar Bloh, spécialiste de la gouvernance, soulève l’interrogation sur l’urgence de nommer Musa Dean à cette position cruciale. Blessing Jacobs, de l’ONG Justice Forum Liberia, remet en question la pertinence d’introduire un nouveau juge si proche du changement de gouvernement. L’annonce par Joseph Boakai de son intention d’examiner minutieusement tous les contrats publics de l’administration sortante alimente davantage les spéculations. Oscar Bloh évoque la possibilité que cette nomination serve à prévenir d’éventuelles poursuites contre George Weah et ses proches. Ibrahim al-Bakri Nyei, politologue, estime qu’il est encore trop tôt pour déterminer si Dean agira en tant qu’instrument de promotion ou de sape de la justice dans le seul but de protéger George Weah. Ancien membre du parti de l’Unité de Joseph Boakai, Musa Dean a rejoint le gouvernement de George Weah, suscitant des inquiétudes quant à ses alliances potentiellement instables.
Diane ATEKPO