Le Ministre de la Santé, Benjamin Hounkpatin a été reçu sur la Télévision Nationale le dimanche 15 août 2021 au cours du journal télévisé. L’invité s’est prononcé sur l’augmentation des cas graves de Covid- 19 au centre de prise en charge d’Allada, l’urgence de la vaccination et la sensibilisation des populations. Db médias, vous propose l’intégralité de son message.
Monsieur le ministre, on note des dizaines de cas par jour et des décès. Qu’est-ce qui peut expliquer ce tableau ?
Benjamin Hounkpatin : La situation est assez préoccupante. Malgré les vacances gouvernementales, aussi bien le chef de l’État que l’ensemble du gouvernement restent très attentifs à l’évolution de la situation dans notre pays et dans la sous-région. Nous avons constaté, depuis quelques semaines qu’il a commencé par avoir une augmentation du nombre de cas. D’une centaine de cas par semaine, il y a à peine deux mois, nous sommes passés actuellement à plus d’un millier de cas. Aujourd’hui, nous sommes à plus de 10 000 cas déjà enregistrés.
Quelle est la situation au niveau des centres de prise en charge ?
J’étais à Allada hier (samedi 14 août) et cette journée (dimanche 15 août) 2021. La situation est assez tendue parce que le nombre de cas graves augmentent d’heure en heure. Ce sont des sujets jeunes a priori sans antécédent, mais dans la quasi-totalité des cas, non-vaccinés.
Sur le terrain, on remarque qu’au niveau des centres de prise en charge, ce sont ces sujets non-vaccinés qui sont de plus en plus nombreux et qui décèdent.
Le constat est effectif. La quasi-totalité des cas graves que nous enregistrons sur les sites de prise en charge sont des sujets non-vaccinés. Hier (samedi 14 août), j’ai pu échanger avec ceux qui pouvaient échanger avec moi et qui étaient dans un état un peu plus amélioré et qui ont regretté amèrement de n’avoir pas pu poser ce geste-là qu’est la vaccination. Ils se sont rendus compte que c’est ce qui les a entraînés-là.
Vaccin Covid-19: «C’est le prix à payer pour que nous puissions sortir de cette situation»
Monsieur le ministre, pourquoi cette réticence malgré les sensibilisations ?
C’est à la limite une aberration. Tous autant que nous sommes, nous avons vacciné nos enfants avec plusieurs antigènes répétés selon des calendriers. Nous nous sommes vaccinés nous-mêmes avec plusieurs antigènes. Quand nous voulons voyager, nous nous vaccinons contre la fièvre jaune, la méningite et autres. Et brutalement avec l’éclosion des réseaux sociaux, chacun se lève pour créer son information. Tout le monde devient intellectuel, scientifique… et crée sa propre information et dénature totalement ce qui se passe.
Pour convaincre davantage les sceptiques, il y a une information sur les réseaux sociaux faisant état d’une dame qui serait vaccinée qui a pris ses deux doses et en est morte par la suite.
La semaine passée, j’ai reçu une information d’un collègue ministre m’annonçant le décès d’un Monsieur vacciné à Allada. Nous avons pris le nom et consulté la base de données des personnes vaccinées. Mais il n’était pas vacciné. Heureusement que son épouse a démenti en disant qu’il n’était pas vacciné. C’est cela le drame. Les vaccinaux-sceptiques créent chaque jour des éléments pour empoisonner pour faire résister ceux qui ont tendance à se faire vacciner. Cela est triste et malheureux parce que cela entraîne des décès. Le prix à payer, c’est la mort. Pour ceux qui sont vaccinés, même s’ils arrivent à contracter la maladie à un moment donné, ils ne font pas de formes graves.
Vous vous êtes fait vacciner, vous avez votre téléphone sur le plateau. Il y en a qui pensent que quand on se fait vacciner, son téléphone se colle au bras.
Qu’en est-il réellement ?
Je me suis fait vacciner devant tout le monde. Je colle mon téléphone, est-ce que cela s’est-il collé ? Est-ce que c’est magnétisé ? Il y a tellement d’éléments erronés divulgués pour une visée de nuisance à la limite parce qu’on ne peut pas avoir conscience qu’en partageant une information, on amène ses compatriotes à ne pas se vacciner et à courir tout droit vers la mort, qu’on puisse continuer cette œuvre-là, y compris parfois au niveau des agents de santé. C’est là le drame. Nous avons le 1/3 qui s’est fait vacciner. Aujourd’hui, nous avons des agents de santé qui sont à Allada en détresse respiratoire au lieu d’être au chevet des malades. L’État investit aujourd’hui pour mettre des agents de santé à disposition de la population. Mais si on le fait et qu’ils ne soient pas vaccinés et se retrouvent en détresse respiratoire à Allada ou bien meurent, alors qui va nous soigner ?
Je rassure qu’à l’Ortb des collègues se sont vaccinés et personne n’en est mort.
Il paraît que dans deux ans, nous allons mourir. Nous sommes-là en train de suivre cela de près.
Comment organise-t-on la dépouille des cas non-vaccinés qui décèdent ?
Cela fait longtemps que je n’ai plus mis la main à la pâte. Malheureusement hier nuit, j’étais à Allada quand une jeune dame de 34 ans enceinte d’un peu moins de 6 mois est décédée devant moi. On a tenté de la réanimer en vain. Cela est affligeant comme spectacle et pour les familles. Aujourd’hui, ces familles ne peuvent même pas récupérer les corps parce que l’enterrement est effectué de façon digne et sécurisé par le personnel soignant pour éviter les contaminations au cours de la manipulation.
Votre appel à l’endroit de ceux-là qui boudent encore et pensent qu’en se vaccinant, ils vont mourir ?
Chers compatriotes, le chef de l’État s’est fait vacciner. Je me suis fait vacciner. Monsieur Koudousse Abdoulaye l’a fait également. Nous sommes en très bonne santé. Nous pouvons faire la Covid-19, mais sans en mourir et sans développer de formes graves. Que cela soit juste cette image qui reste à l’esprit et que chacun puisse prendre son bâton de pèlerin pour passer voir les sceptiques et leur parler ; surtout ceux qui sont sortis d’Allada pour dire ce qu’ils ont vécu. C’est le prix à payer pour que nous puissions sortir de cette situation. À Allada, nous consommons gratuitement en une journée, la quantité d’oxygène que nous consommons habituellement pour des mois. Cet investissement pouvait être utilisé pour autre chose, pour rénover et construire d’autres infrastructures sanitaires, pour appuyer le volet social du Pag qui est si cher au chef de l’État. Je voudrais lancer un appel à toute la population béninoise âgée de plus de 18 ans de sortir massivement dès demain (lundi 16 août) pour se faire vacciner, mais continuer à respecter strictement les gestes barrières. La vaccination réduit le risque de contamination, mais ne l’annule pas.