Le refus des pièces lisses et billets de banque froissés dans les transactions commerciales inquiète de plus en plus et interpelle la conscience des uns et des autres. D’Avrankou à Porto-Novo, en passant par Cotonou et Abomey-Calavi, acheteurs et vendeurs expriment les difficultés rencontrées au quotidien. « Reprend ta pièce. Elle est très lisse », a lancé une vendeuse de bouillie à l’une de ses clientes venues acheter. « Mais c’est la seule pièce qui me reste. Que vais-je faire pour que mes deux enfants mangent ce matin ?, » réplique la cliente avec un regard visiblement attristé. Cette scène se déroule à Hèhoun, une localité de la Commune d’Avrankou, où le refus des pièces lisses et billets de banque froissés bat son plein. Rencontrée sur les lieux, par une équipe de reportage de DBMEDIAS, dame Alohoutadé a opiné sur cette pratique qui consiste à refuser les pièces lisses et billets froissés. « Le refus des pièces lisses et billets de banques est juste horrible. Ça s’observe aussi dans la Commune d’Akpro-Missérété », a-t-elle fait savoir. Même son de cloche au marché Ouando. Selon M. Vignonfodo, une commerçante aperçue devant son étalage la main droite au menton, le phénomène s’observe dans plusieurs localités du Bénin, notamment au marché de Ouando , où elle écoule ses marchandises. « C’est une mauvaise pratique qui s’observe également chez les Nagos. J’en ai été victime à ITADJÈBOU, TAKON et même à OUANDO », a-t-elle laissé entendre. Pour M. Emmanuel Dah Sonon, enseignant du primaire résidant à Porto-Novo, cette manœuvre qui consiste à apprécier les pièces doit être découragée. « Ce phénomène doit vraiment être découragé et les auteurs de ces actes doivent être sévèrement punis. », a-t-il lancé. « Nous n’avons pas des machines chez nous qui coupent les billets ». a-t-il ajouté avec une ère remontée.
Marché Ouando

Le constat reste le même à Cotonou, capitale économique du Bénin. Interrogé sur l’esplanade du stade GMK, Firmin Gbèdji, conducteur de Zem, a salué la dernière décision prise par le ministre d’État chargé de l’économie et des finances. « La dernière décision prise par le gouvernement sur cette manœuvre commence à avoir d’effets, car certains citoyens commencent à se conformer à cette décision, même si ce n’est pas encore général. », a-t-il déclaré. Ailleurs, les avis sont bien divers. À en croire certains riverains de la commune d’Abomey-Calavi, ce phénomène est parfois source de conflits. D’après Yéyé Amedji, commerçant au quartier Ita, commune d’Abomey-Calavi, il est bien normal de refuser les pièces lisses et billets de banque froissés.  « Les pièces dont leurs numéros ne s’affichent pas ne doivent être acceptées. Il faut que les autorités créent des agences dans les localités afin que nous puissions les changer », a-t-il ajouté pour finir. Cette méfiance ne se justifie pourtant pas, si l’on s’en tient aux assurances données par le gouvernement béninois et la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) quant à la validité de ces pièces. « A la BCEAO, usées ou pas, on accepte toutes les pièces, comme c’est le cas pour les billets déchirés », a renseigné un agent de l’institution bancaire. Pour le Ministre de l’Économie, des Finances et des Programmes de dénationalisation du Bénin, Romuald Wadagni, cette manœuvre qui consiste à rejeter certaines pièces, sous prétexte qu’elles seraient celles des divinités, altérées, lisses ou les billets froissés « entraîne des incidents dans plusieurs localités ». Pour éviter des situations du genre, le gouvernement a annoncé que ces pièces et billets qui sont stigmatisés, ont toujours cours légal et leur rejet peut entraîner des sanctions. Malheureusement, la réalité sur le terrain est tout autre. Il urge donc de multiplier la sensibilisation et de durcir le ton afin d’endiguer cette mauvaise pratique qui mine l’économie béninoise.


Luc Roland Dansou (Stag)

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