Le châtiment corporel est une forme de punition qui a pour but d’infliger une douleur physique à une personne reconnue coupable d’une faute, voire d’un délit, afin de l’amener à se repentir et à éviter la récidive. Répandue à travers le monde, principalement en Afrique de l’Ouest, cette technique éducative utilisée dans les familles, notamment en milieu scolaire, a été suspendue du système éducatif béninois. Malheureusement, cette réforme du gouvernement en date du 22 novembre 2018 visant à rendre la pratique illégale dans les établissements scolaires du Bénin persiste toujours.  Interrogés sur la question, élèves et acteurs éducatifs se prononcent, au micro de DBMEDIAS.
Châtiment corporel/Image Unicef
Du Collège d’Enseignement Général « Le Plateau » (CEG Le Plateau) au Complexe Scolaire Jean PIAGET (CSJP) en passant par les Complexes Scolaires Élitaire (CSE) et « La Liberté » (CSL), les avis sur le sujet divergent. Interrogé au sujet de ses appréciations de la décision gouvernementale, Noël FASSINOU, Surveillant Général du CEG « Le Plateau » affirme être « un soldat au service du gouvernement et de sa communauté ». Pour lui, les décisions issues de l’État sont à respecter et appliquer sans pour autant se poser des questions. « La décision du gouvernement d’interdire le châtiment corporel dans les établissements, nous, on a l’habitude de le dire, on n’est pas là pour apprécier la décision, mais on est là plutôt pour la mise en œuvre des décisions venant de la hiérarchie. Et l’interdiction du châtiment corporel fait partie de ces décisions donc nous sommes là pour la respecter. On n’a pas une appréciation particulière à faire concernant la décision » a-t-il déclaré. À en croire Victor KPADONOU, Directeur du collège la liberté situé au quartier Womey dans la commune d’Abomey-Calavi, le respect des droits de l’homme serait à l’origine de ce décret gouvernemental et c’est une pratique et un processus de l’enseignement qui date de longtemps. « Vu notre culture et le fait que les générations précédentes ont évolué à l’école compte tenu d’un certain nombre de paramètres… c’est parce que nous sommes gagnés par les droits de l’homme, des enfants que nous appliquons cela » a estimé le Directeur. Pour lui, le châtiment corporel est une partie intégrante de l’éducation. Il ne peut être interdit. Car, « Sans le bâton, la plupart des enfants ne peuvent pas suivre. Et c’est vrai. Moi qui parle, sans le bâton, je ne serais pas ici aujourd’hui ». Tout comme ce Directeur d’école, ils sont nombreux ces acteurs éducatifs qui estiment que cette décision du gouvernement ne mérite pas d’être encouragée. « C’est une mauvaise décision. Ceux qui sont là actuellement, dans l’ancien temps, on tapait. On tapait sérieusement et ça n’a jamais tué l’enfant » a affirmé le Préfet de Discipline d’une école privée située à Maria Gléta dans la commune d’Abomey-Calavi. Tout à fait à l’opposé du Préfet de Discipline, l’enseignant de la classe de CM2 du même Complexe estime en effet que « la décision du gouvernement concernant la suppression du châtiment corporel est à caractère respectable, une bonne décision donc. » Pour lui, « un enseignant qui utilise de bâton pour corriger un enfant, est un enseignant faible. Il faut utiliser des stratégies pour faire assimiler le cours aux enfants.
châtiment corporel
Malgré l’interdiction gouvernementale, la réalité sur le terrain est tout autre
Malgré les efforts confondus du gouvernement et de certains responsables d’établissement pour faire respecter la non-violence en milieu scolaire, les réalités sur le terrain sont tout autres. Et pour preuve, les bureaux de certains Surveillants Généraux, continuent encore d’être décorés par des bâtons communément appelés « parle-moi-toi ». Un outil permettant de corriger les élèves. Même si l’on n’a pas réussi à obtenir leurs opinions sur le sujet, le constat fait des lieux peut déjà nous permettre d’avoir une idée ou imaginer comment les élèves sont gérés et comment la suppression du châtiment corporel est respectée dans ces lieux de savoir. Sur insistance, certains d’entre eux nous ont confié qu’aujourd’hui, la discipline est devenue une préoccupation majeure pour les Surveillants dans les écoles béninoises. À les en croire, les enseignants peinent à encadrer certains apprenants sans la chicotte. « Avec la suppression du châtiment corporel, les enfants deviennent de plus en plus capricieux » a laissé entendre le Surveillant Général du complexe La Liberté. Selon lui, suite à l’interdiction de cette mesure, « … C’est plus difficile de gérer les enfants ». Abondant dans le même sens, d’autres corps professoraux estiment que les parents d’élèves sont à la base des problèmes auxquels sont confrontés les enseignants. « Les parents courent actuellement vers l’argent. Et ils oublient leurs responsabilités. On envoie l’enfant à l’école. On paye l’écolage. Et c’est fini. Le reste, l’enfant se débrouille et c’est à la fin on dit je ne savais pas » a déclaré un Préfet général ayant requis l’anonymat. « Si tu me tapes, c’est la gendarmerie qui viendra te chercher » c’est le slogan des apprenants récidivistes, a déclaré l’enseignant et Directeur du cours primaire.
Pour éviter de faire recours au châtiment corporel, des alternatives ont été mises en place pour corriger les apprenants.
Des punitions de réécriture, des séances de nettoyage et autres corvées sont, entre autres, alternatives employées par les dirigeants de l’éducation pour rectifier ou remettre à l’ordre les élèves. Selon le surveillant général du collège « La liberté », ces alternatives employées ne sont pas de tailles. Elles peuvent également causer de dommage aux apprenants. Par exemple, ils peuvent avoir une « réduction de note en conduite ». Interrogés sur le sujet, certains élèves ne se sont guère cachés d’affirmer leurs opinions. Pour Jean Akakpo, élève en classe de 3e au complexe scolaire Baptiste béni et premier responsable de sa classe, le châtiment corporel « c’est le fait de taper les enfants » à l’école. « J’ai également été victime du châtiment corporel à plusieurs reprises pour faible moyenne ainsi que certains de mes camarades qui ont été châtiés pour indiscipline. » a affirmé l’apprenant. Chez Boris Ahouandjinou, élève en 4e au CEG LE PLATEAU, c’est toute une autre version. Le futur candidat dit n’avoir pas encore été victime du châtiment corporel. Certes, il reçoit des corvées, comme le nettoyage, lavage des WC. Il notifie que « le châtiment corporel est devenu restreint et appliqué dans certaines mesures dans son établissement »  Plusieurs semaines après le démarrage des activités pédagogiques en république du Bénin, et des difficultés continuent toujours d’être notifiées dans l’application de la suppression du châtiment corporel dans les établissements. Et ce, malgré les efforts, alternatives et dispositions prises par les enseignants et les survivants généraux. Devrons-nous croire que la suppression de cette mesure est à l’origine des mauvais résultats aux examens nationaux ? Si tel était le cas, il serait bien que le gouvernement tranche sur sa décision et accorde quelques opportunités aux éducateurs pour un bien meilleur exercice de leur métier.


Léonard IRRÉDÉ (Stag)

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