L’augmentation rapide de la vulnérabilité et du risque d’inondation pesant sur les côtes ouest-africaines est davantage due à un facteur anthropique régional qu’à un facteur climatique global. C’est ce qu’a démontré une équipe interdisciplinaire de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), en lien avec des experts d’Afrique de l’Ouest, dans une étude de quantification prospective publiée dans la revue Nature Communications Earth & Environment le 15 mai 2023. Les résultats de cette étude, qui s’inscrit dans le cadre du programme de recherche interdisciplinaire WACA-VAR1, soulèvent la nécessité de mettre en place une coordination régionale et interdisciplinaire pour faire face à cette problématique.
Il est souvent présupposé que l’élévation du niveau de la mer représente le principal facteur de vulnérabilité des régions côtières ouest-africaines. Mais l’étude menée par l’IRD avec des experts d’Afrique de l’Ouest prouve le contraire. Selon les scientifiques, c’est plutôt l’anthropisation des littoraux ouest-africains, qui entraine la fragilisation du milieu par les activités humaines et la densification des enjeux socio-économiques. Cette réalité representera dans les années à venir un facteur encore plus important d’accroissement de la vulnérabilité et du volume de risque encouru par ces régions face aux inondations souligne ladite étude. Grâce à l’analyse croisée de données satellites, en particulier sur le niveau de la mer, de données topographiques et de données traduisant des prédictions d’évolution de la société, les chercheurs ont pu établir des trajectoires d’évolution quantitative du risque associé aux inondations sur les côtes ouest-africaines.
Pour évaluer le poids relatif des facteurs socio-économiques et de l’élévation du niveau de la mer dans l’évolution de ce risque, les scientifiques ont effectué des simulations de l’impact des deux types de facteurs. Il résulte de ce travail que le développement socio-économique des zones littorales, associé à une anthropisation rapide des milieux, apparaît comme le principal facteur d’accroissement de la quantité de risque reliable aux inondations sur les côtes d’Afrique de l’Ouest, bien avant la hausse du niveau des mers. Les résultats, qui s’inscrivent dans le cadre de la Science de la durabilité, démontrent par ailleurs l’homogénéité de ce constat pour l’ensemble des pays d’Afrique de l’Ouest (de la Mauritanie au nord ouest jusqu’au Cameroun au sud-est) et la nécessité de mettre en œuvre un plan d’action coordonné à l’échelle régionale et prenant en compte aussi bien les aspects environnementaux que les dimensions socio-économiques. Il est probable que l’inaction sera plus coûteuse sur le long terme que la mise en œuvre d’un effort d’adaptation bien conduit. Celui-ci devrait passer notamment par la conservation de l’environnement littoral et par une transformation dans la façon d’implémenter le développement socio-économique.

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