Le tatouage, un art révolutionné par la jeunesse et devenu populaire dans les rues béninoises. Des jeunes filles et jeunes garçons sont quelques-uns des individus que l’on rencontre la plupart du temps dans les salons de tatouage. Pourtant, autrefois, le tatouage était perçu comme un signe de délinquance. Aujourd’hui, il s’est répandu et continue de séduire particulièrement la jeunesse béninoise. Qu’est-ce qui peut expliquer cet engouement des jeunes pour le tatouage, au point de le révolutionner ? Quels en sont ses avantages et inconvénients sur la santé humaine ? Quel impact cela a-t-il sur la société ? Éléments de réponse dans ce reportage de DBMEDIAS.
Le processus de tatouage comprend différentes étapes, telles que la consultation avec le client, la création du dessin, la pose d’un pochoir avec un papier transfert et un copieur thermique, l’utilisation d’une machine imprimante et d’une aiguille. Considéré comme un art par certaines célébrités, comme l’artiste américain Lil Wayne et le célèbre tatoueur américain Keith McCurdy, le tatouage est défini comme « une marque, une inscription ou un dessin indélébile pratiqué sur la peau à l’aide de pigments injectés par des piqûres ». Alors que le tatouage est souvent réalisé par des médecins spécialisés pour reconstituer une aréole mammaire après une intervention chirurgicale, il peut également être réalisé pour des raisons personnelles, pour suivre une tendance ou pour vivre pleinement sa jeunesse. C’est du moins ce que certains jeunes interrogés sur le sujet ont affirmé. « Les jeunes s’y adonnent pour être à la mode, pour faire parler d’eux la plupart du temps », a confié David ETEKA, étudiant spécialiste en environnement à l’Université d’Abomey-Calavi. « Pour certains, c’est un manque de confiance en soi, pour d’autres, c’est un moyen de marquer quelque chose de significatif, des moments de douleur, de plaisir, voire de joie », a renchéri Bénitia HOLODO, une étudiante en psychologie rencontrée dans les allées de l’UAC. Selon Cadnel Arnault Joarès ALLAGNON, étudiant, se faire tatouer fait partie des meilleures façons de vivre pleinement sa jeunesse. « C’est à la mode. C’est cool pour moi. C’est la jeunesse, nous voulons vivre notre jeunesse », a-t-il déclaré au micro de DBMEDIAS.
Motifs de tatouage
Parmi les œuvres réalisées par des hommes en matière d’art corporel, les tatouages sont classés parmi les plus populaires depuis quelques années, en raison de leurs significations. Jacques ADAGNI, un jeune Béninois rencontré à Zogbadjè, s’est fait tatouer par amour. « J’ai représenté Jésus sur mon bras pour montrer qu’il est avec moi partout où je vais. C’est juste pour le plaisir et rien d’autre ». S’il faut croire que le tatouage est réservé uniquement aux hommes, c’est faux. En témoigne le cas d’une employée anonyme d’un hôtel à Allégléta. Selon elle, « tout le monde peut se faire tatouer ». Elle a partagé les raisons qui l’ont poussée à se faire tatouer. « J’ai trois tatouages sur mon corps : une image de ma mère, un oiseau et une grande fleur rose. Ma mère est décédée, c’est un souvenir pour me rappeler d’elle. La rose représente mon teint clair et elle m’appelait ma rose. » Pour certains jeunes, le tatouage est simplement pour attirer l’attention, car certaines filles aiment les garçons tatoués. Il convient de souligner que le prix d’un tatouage varie en fonction de la complexité et de la qualité des choix du client. Le prix initial est de cinq mille francs CFA (5000 FCFA), selon Martin ALLADAYE, tatoueur depuis cinq ans et basé dans la commune d’Abomey-Calavi.
Impacts du tatouage sur la Santé
Une fois le tatouage réalisé sur la peau, il peut sembler beau à voir et susciter l’envie. Cependant, ses risques de contamination de maladies sont également élevés. C’est un aspect que les jeunes ignorent. Selon le tatoueur professionnel Martin ALLADAYE, « le tatouage n’a pas d’âge et peut entraîner des effets secondaires tels que la gangrène. Une personne tatouée peut développer un cancer de la peau si les outils utilisés ne sont pas stérilisés ou ne sont pas destinés à cet usage. Par exemple, l’utilisation d’une aiguille non certifiée pour ce métier ou de pigments de mauvaise qualité peut provoquer des problèmes de santé. » a-t-il ajouté. Selon la dermatologue-vénérologue spécialisée, S.C. Gloria NOUHOUMON, employée dans des cliniques privées à Cotonou et Abomey-Calavi, les risques d’infection sont élevés, notamment lorsqu’il s’agit de tatoueurs non professionnels qui ne respectent pas les règles de stérilisation et n’utilisent pas de matériel jetable à usage unique. « Le tatouage peut être réalisé selon plusieurs méthodes, certaines très néfastes pour la peau. L’utilisation d’aiguilles pour percer la peau et d’encre peut entraîner la contamination par le VIH/SIDA, des eczémas, des maladies bulleuses auto-immunes, des cicatrices pathologiques, des brûlures de la peau, des plaies géoïdes et d’autres maladies transmissibles » a expliqué la spécialiste. D’après ses dires, elle a déjà reçu des patients qui souhaitaient se débarrasser de leurs tatouages. « … Oui. Il y a d’autres qui le font et reviennent pour dire qu’ils veulent s’en débarrasser. Or, s’en débarrasser peut également causer d’autres maladies. » a-t-elle laissé entendre.
En ce qui concerne son impact sur l’éducation, le tatouage peut avoir des répercussions négatives dans la vie en société. Certains jeunes peuvent être influencés par leur entourage et adopter un comportement irrespectueux envers leurs parents à la maison, montrer de l’hostilité à l’école et finalement se comporter de manière impolie en société. C’est l’opinion d’un étudiant spécialiste en environnement à l’Université d’Abomey-Calavi. Son collègue, Joarès ALLAGNON, partage également cette opinion en affirmant : « Pour te dire la vérité, si tu fais ça de nos jours, on te regarde négativement dans le quartier et partout. Mais bon, chacun a son corps. Je ne l’ai pas encore fait, mais je le ferai. » Selon un jeune homme qui souhaite rester anonyme, « Je me suis fait tatouer et tout le monde me regarde différemment. On me voit déjà comme un voleur, un bandit dans le quartier. J’ai envie de l’effacer, mais je ne le ferai pas pour leur donner raison et qu’ils disent : « Il l’a effacé pour éviter d’aller en prison. » Il ajoute que tout peut changer à tout moment. En conclusion, il est conseillé de ne pas se faire tatouer, car même si cela peut sembler attrayant et apprécié par certains, selon la jeunesse, cela peut aussi être destructeur pour la vie. En effet, le tatouage peut causer de nombreux problèmes de santé. Il serait donc judicieux et responsable d’éviter de se faire tatouer afin de préserver non seulement sa peau, mais aussi sa santé vis-à-vis de certaines maladies infectieuses.
Léonard IRREDE