Le phénomène de la prostitution, qualifié par certains comme étant le plus vieux métier au monde a atteint des proportions insoupçonnées au Bénin. Cette activité selon des spécialistes se présente sous plusieurs formes dont la plus visible est la prostitution de trottoir. Ci-dessous, quelques chiffres issus d’une enquête menée au Bénin en 2017 sur ce sujet.
Les arguments d’Angela Kpeidja en soutien aux travailleuses du sexe
Difficile de disposer des statistiques sur le phénomène de la prostitution au Bénin. À part quelques bribes d’informations relatives à des études datant de près d’une décennie sur internet, la radio nationale dans l’un de ses reportages de la semaine écoulée s’est intéressée à l’une des plus récentes études menées sur la question en 2017. Les organisations internationales telles que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Programme des Nations Unies sur le VIH/Sida (Onusida) qui classent les professionnels du sexe dans la catégorie des populations clés sont les initiateurs d’une telle étude qui a dénombré 16219 travailleuses du sexe sur l’ensemble du territoire national. La ville de Cotonou abrite à elle seule 4926 dont 1334 affichées et 3592 clandestines. Au plan national, nous étions en cette année 2017 à 5050 sites où l’on rencontre les belles de nuit avec Cotonou qui abrite 1127 sites. D’après la classification du Programme national de lutte contre le Sida en 2017, cette population de belles de nuit est formée de plusieurs nationalités dont des Béninoises (51%), des Togolaises (34,7%), des nigérianes (7,3%), des Ghanéennes, (3%) et les Nigériennes à hauteur (1,4%).
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Prostitution de trottoir, la partie visible de l’iceberg
« L’activité des travailleuses du sexe qui prennent d’assaut les rues et les trottoirs n’est que la partie visible de l’iceberg ». Ce sont les propos de Émile Badévou, sociologue de la prostitution, ayant pris part à cette étude de 2017. Ce spécialiste des questions liées à la prostitution mentionne que l’activité se présente sous plusieurs formes dont la plus visible est la prostitution de trottoir. Au micro de la radio nationale, Émile Badévou explique qu’en dehors de la prostitution de rue observée par bon nombre de personnes, il y a la prostitution dans les maisons closes, dans des hôtels, la prostitution de luxe. « Voilà le visage d’un phénomène dont les ramifications sont multiples tant les professionnels du secteur sont constituées en réseau » a ajouté le sociologue qui a été appuyé par Carlos Senouwanou, spécialiste en santé communautaire. À en croire ce dernier, « …la prostitution est une question de réseau et c’est ça qui amène à la thématique du proxénétisme avec des personnes qui initient l’activité et qui vont même recruter des filles pour ça ».
Avec les explications du sociologue, l’on comprend que la traque engagée par le préfet du Littoral à l’endroit des belles de nuit se retrouvant au niveau des trottoirs ne permettra pas d’aboutir à des résultats probants. « La prostitution est non seulement le fait de fournir de l’argent en échange d’un rapport sexuel, mais aussi, celui d’utiliser le rapport sexuel comme moyen de garder un partenaire, un emploi, un statut, ce faisant, le travail en prostitution ne se ferait pas que de manière régulière aux professionnels, mais aussi de manière occasionnelle, ponctuelle et clandestine » a conclu Émile Badévou.
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Les travailleuses du sexe et les Ist
L’activité des travailleuses du sexe n’est sans conséquence sur leur santé puisqu’elles sont victimes de toutes sortes d’affections. « Il y a trop d’affection, j’en souffre et pourtant, j’utilise les préservatifs. Donc ; si tu n’utilisais pas, ce serait plus grave que ça » a avoué, l’une des belles de nuits au micro de la Radio nationale. Géraldo Nassirou, médecin traitant des filles de joie au dispensaire Ist de Cotonou raconte que ses patientes sont assez vulnérables aux Infections sexuellement transmissibles (Ist). « Les pertes chez les femmes, c’est ça qui dominent tous les mois. Après la vaginite, il y a les cervicites, l’infection qui quitte le vagin pour aller vers le col et qui remonte vers l’utérus et quand ça se complique, on a le syndrome inflammatoire pelvien et nous avons les ulcérations vaginales aussi, sans oublier les problèmes de dermatose » a confié ce spécialiste qui depuis une trentaine d’année offre des soins et suivi sanitaire aux travailleuses du sexe. Rachelle, une belle de nuit confie avoir souffert récemment d’un cancer du col de l’utérus qui a été bien traité grâce aux traitements dont elle a bénéficié. « Il y a eu à un moment donné un test de dépistage du cancer du col de l’utérus sur nos sites. On m’a trouvé cette maladie. Les agents du dispensaire des Ist m’ont aidé en me faisant l’opération et ça s’est bien passé. Je peux continuer mon activité. Je me sens bien et très bien » a-t-elle déclaré.
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