L’ancien maire de la commune d’Abomey-Calavi, Georges Bada, condamné à 6 ans de prison ferme dans une affaire domaniale de 39 hectares, est depuis le vendredi 18 mars 2022, l’homme le plus recherché au Bénin. Après son évasion spectaculaire, le prisonnier qui était censé suivre des soins au Centre national hospitalier et universitaire Hubert K. Maga (CNHU-HKM/Cotonou) se retrouve actuellement en cavale, hors du territoire national. Une évasion qui suscite tout de même de nombreuses interrogations. Comment l’ancien maire a-t-il réussi à semer tout le dispositif sécuritaire pour franchir le portail du CNHU ? Comment est-il parvenu à traverser la frontière avec une si grande facilité, lui qui n’est tout de même pas un inconnu en tant que figure politique au plan national ? Autant de questions auxquelles il sied de trouver des réponses.

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En effet, l’évasion de l’ancien maire Georges Bada, digne d’un scénario hollywoodien cache pour l’heure de nombreuses zones d’ombre. Mais à l’analyse des faits, l’on est en droit de reconnaître que le prisonnier n’a pu se faire la belle sans l’aide de plusieurs personnes, notamment au niveau du dispositif sécuritaire. D’après des informations obtenues par la rédaction de DBMEDIAS, l’ex-maire dont la situation sanitaire n’était pas des plus reluisantes a été admis au CNHU depuis plusieurs mois. En réalité, Georges Bada n’était pas traité au même titre que d’autres prisonniers, d’autant plus qu’il disposait de plusieurs privilèges qui indubitablement lui ont permis d’échafauder son plan d’évasion. L’ex-maire disposait par exemple jusqu’à sa fuite d’un téléphone avec lequel il était en communication avec d’autres personnes. Une pratique bien contraire aux normes de détention. Mieux, selon toute vraisemblance, le prisonnier disposait de ses pièces fondamentales de voyage alors qu’un prisonnier inculpé devrait être privé de ses pièces fondamentales de voyage, gardées par le parquet de la maison d’arrêt en charge du dossier, conformément aux dispositions légales. Il est hospitalisé dans une salle VIP dont il détient seul la clé. À partir d’une certaine heure, les gardes disparaissent et le prisonnier reste seul dans la salle d’hospitalisation.

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L’un des détails important dans ce dossier d’évasion est que Georges Bada a eu le temps de développer des amitiés avec plusieurs éléments du dispositif sécuritaire dont notamment les agents de police qui étaient en position de le surveiller. Sinon, comment comprendre que l’homme a pu tisser une relation ‘’amoureuse’’ avec l’un des agents de police, qui au fil du temps serait devenue sa maîtresse. Un prisonnier qui a une copine policière et qui de surcroît assurait sa garde à la prison civile d’Abomey-Calavi. À la suite de l’évacuation de l’ex-maire au CNHU, sa garde était assurée par trois policiers. Ce qui n’a pas empêché sa copine policière de lui rendre visite à chaque fois qu’elle en avait envie. D’après des renseignements reçus par DBMEDIAS, elle était presque toujours au chevet et aux petits soins de son amant prisonnier. Et pourtant, ce sont des faits qui n’étaient pas étrangers à certains responsables faisant partie du dispositif sécuritaire. Voilà autant de légèreté et manque de professionnalisme ayant permis à l’ancien édile de prendre le large.

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Nécessité de réformer l’administration pénitentiaire

 

L’administration pénitentiaire ne cesse de montrer ses limites depuis quelques années au Bénin. Quand ce ne sont pas des évasions auxquelles l’on assiste, c’est plutôt tout type de désordres orchestrés par les responsables en charge de la sécurité des prisonniers. C’est bien connu que l’ex-maire avait une maîtresse policière, mais malheureusement, aucune mesure n’a été prise pour lutter contre les risques de complicité. À l’aune de la description de ces failles précédemment énumérées, il est temps de mesurer l’urgence d’une réforme au niveau de l’organisation pénitentiaire. D’ailleurs, la garde des prisonniers devrait être désormais une affaire de l’agence béninoise pénitentiaire. Le Chef de l’État, Patrice Talon, un réformiste avéré, devrait penser à l’option d’une réorganisation totale du système pénitentiaire du pays. Il est question de travailler à encourager les réformes tout en mettant hors d’état de nuire les détracteurs qui veulent réduire à néant les efforts du gouvernement en matière de sécurité et de lutte contre la corruption.

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