Venus d’un peu partout du Bénin, notamment dans les villages de Kingon, de Ganyingon, de Kpédékpo, de Dovi et des grandes villes, les Ayatô Ganmènou se sont retrouvés du 29 au 30 juillet 2022 à Zonmon, un village de l’arrondissement central de la commune de Zagnanado. Un rassemblement qui entre dans le cadre du rituel Gouyitô pour l’honneur de la divinité Gou, le Dieu du fer. Dépositaire de cette divinité, les Ayatô Ganmènou sous la présidence de sa Majesté, Tossoholou Zoundjè Wandji Gan man si Zo Toli, Roi des Ayatô Ganmènou ont prié pour la paix et la quiétude des populations béninoises.

Le rassemblement des différentes délégations des Ayatô Ganmènou a été effectif le vendredi 29 juillet avec l’arrivée de sa Magesté Tossoholou Zoundjè Wandji Gan man si Zo Toli. « À l’entame, l’étape de la consultation du Fâ a été assurée par le prêtre Fâ, Tovodounnon Ablélé, Président du comité d’organisation. La consultation du Fâ a permis d’avoir les prévisions sur le clan des Ayatô et des directives à suivre pour conjurer les mauvais sors et bénéficier des grâces du rituel en cours. L’étape de Akangnignin a suivi pour les femmes Ayatô dans la soirée du vendredi, suivi du Xhèdèhoun. Au petit matin du samedi 30 juillet, les Vodounssi et les femmes Ayatô ont fait allégeance au roi des Ayatô avec l’étape du Zandro bobo. Une étape de purification pour les Ayatô avant le départ de la divinité Gou pour la rivière, Gouyitô », a expliqué Montcho Dangbénon, membre du comité d’organisation. « Quand vous entendez Ogouyitô, ou Gouyitô, ça veut dire que la divinité Ogou ou Gou, ça dépend de si vous êtes mahi ou wémè, est allé à l’eau », dira Sa Magesté Tossoholou Zoundjè Wandji Gan man si Zo Toli. Pour lui, la divinité Gou, étant au cœur de toutes activités sociétales, les ancêtres des Ayatô de Tosso avaient institué ce rituel pour ramener la paix dans la communauté. « C’est le moment pour le roi des Ayatô Ganmènou que je suis, de prier pour la paix, priée pour la nation, ses dirigeants à divers niveaux, de dire des bénédictions à l’endroit du peuple béninois et son chef de l’État, le président Patrice Talon ».

En sa qualité de Sociologue, Professeur titulaire et personne-ressource invitée à ce rituel, le professeur Albert Tingbé Azalou n’a pas caché la joie qui l’anime « … ce rituel fait partie des rituels propitiatoires, donc de prévention des accidents et malheurs liés à l’usage du fer, que ce soit le couteau, le fusil et autres. Je suis également heureux dans la mesure où il s’agit d’un renouvellement, c’est-à-dire qu’un tel rituel, faisant partie du patrimoine culturel, reste un processus de restauration de notre être, l’être individuel, l’être collectif et de la société globale » a-t-il déclaré. Sentiments partagés par Dah Tovodounon Ablélé, président du comité d’organisation de ce rituel à Zonmon qui n’a pas manqué d’adresser ses remerciements à l’endroit de tous les Ayatô de Tosso qui ont effectué le déplacement de Zonmon ainsi qu’à tous ceux qui ont contribué à la réussite de ce rituel qui a lieu périodiquement à Zonmon, commune de Zagnanado.

Ils ont dit…

Houéssou Marcel Anicet dit Anice Pépé

« Le rituel Gouyitô est une identité culturelle des Ayatô de Tosso et ça se fait uniquement à Zonmon. Quand vous entendez Gouyotô, ça veut dire que la divinité Gou s’est plongée dans l’eau. Quand le fer est chaud et que vous le plongez dans l’eau, ça se refroidit. C’est pour dire que l’avantage qu’on a dans ce rituel qui a lieu périodiquement est que quand on fait ce rituel, ça épargne les accidents, les violences liées aux armes, ça permet aux populations d’aller et de revenir en toute quiétude. Donc le rituel Gouyitô est fait pour invoquer la paix et la quiétude sur tout le peuple béninois ».

Professeur Albert Tingbé Azalou

« … Il s’agit aussi d’un processus de restauration de notre être, l’être individuel, l’être collectif et de la société globale. C’est donc une composante qui permet de fonctionner par rapport à l’économie, au politique, au cultuel, au culturel, à l’art, à la technologie et à l’environnement. Donc, c’est heureux de constater que ce rituel se renouvelle étant donné que nous sommes confrontés à un conflit de civilisation et nous sommes tous préoccupés par la survivance que nous devons opérer au niveau de nos valeurs et cultures. Les Ayatô constituent un segment social du Bénin qui est à la pointe par rapport au culte de l’immortalité, de la pérennité et la pérennisation de tout ce qui est valeur de la personne humaine. Je souhaite que ce rituel soit pérennisé et qu’on travaille à ce que le Gougbassa qui est actuellement décerné et visible au musée de l’homme en France puisse être aussi rapatrié parce que c’est un patrimoine des Ayatô Ganmènou ».

 

Tossoholou Zoundjè Wandji Gan man si Zo Toli. Roi des Ayatô Ganmènou du Bénin et d’ailleurs

« … Depuis des temps immémoriaux, nos ancêtres ont institué ce rituel que vous voyez et périodiquement, la divinité Ogou est amenée à la rivière pour être plongée dans l’eau afin que la paix puisse régner dans la communauté des Ayatô Ganmènou et la société en général. Pour me faire plus clair, il faut comprendre qu’à des périodes de l’année, les accidents se font fréquents, les crimes de tous genres et autres conflits augmentent. Alors la divinité Gou, étant au cœur de toutes activités sociétales, nos ancêtres avaient institué ce rituel pour ramener la paix ». Que Dieu et les mânes de nos ancêtres accordent aux dirigeants de ce pays et au chef de l’État en particulier, la force et le courage de poursuivre l’œuvre de développement qu’il a entamé depuis son arrivée au pouvoir en 2016. »

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